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Un regard attentif sur la nourriture

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L'exercice : Quand vous mangez, prenez un moment pour vous intéresser à la nourriture et à la boisson que vous absorbez. Faites une incursion en arrière, pensez à leur histoire. Utilisez votre imagination pour deviner d'où vient chaque aliment, combien de personnes ont participé à sa production, combien d'autres ont fait en sorte qu'il arrive dans votre assiette. Pensez à ceux qui ont planté, semé, sarclé, moissonné, aux camionneurs qui ont transporté les produits, aux gens qui les ont emballés, aux épiciers, aux commis et, enfin à ceux qui ont préparé le repas, membres de la famille, ou cuisiniers. Remerciez ces personnes intérieurement avant de prendre la première bouchée et la première gorgée.

 

Rappel : Affichez des notes "Pense à ce que tu manges" dans la cuisine, la salle à manger ou dans tout autre endroit où vous prenez vos repas.

 

Découvertes :

 

Au monastère, nous chantons avant les repas. Ces chants disent, entre-autres : "Pensons aux efforts qui on été faits pour que cette nourriture arrive sur notre table, pensons au chemin qu'elle a pris pour arriver jusqu'à nous." Comme c'est le cas pour tout ce que nous répétons plusieurs fois par jour, ces paroles ne veulent pas nécessairement dire que nous réfléchissons à chaque repas à tous ceux et toutes celles qui ont participé à la production et à la distribution de nos aliments. Bien sûr, nous sommes conscients de la présence du cuisinier ou de la cuisinière, et nous éprouvons de la gratitude envers eux quand le repas est savoureux.

 

Au monastère, nous avons la possibilité de faire pousser des légumes. Travailler dans le potager et dans les serres nous permet de nous rendre compte de la somme de travail nécessaire pour faire pousser la laitue et les carottes qui atterrissent dans notre saladier. Nous sommes reconnaissants envers notre voisin, qui nous permet de charger son fumier dans notre camion pour que nous l'ajoutions à notre compost, où se trouve déjà nos restes de légumes et l'herbe coupée par notre tondeuse. Tous ceux et toutes celles qui nous aident à faire nos conserves annuelles éprouvent un respect tout neuf pour la compote de pommes après avoir rempli des paniers de pommes cueillies dans les vergers de nos voisins, après les avoir lavées, épluchées, cuites, réduites en purée et mises en conserve. Même si nous sommes plus proches que la plupart des gens de la production de la nourriture qui se retrouve de notre table,  nous découvrons cependant, quand nous faisons cet exercice, que nous tenons une série d'aliments pour acquis, en particulier ceux qui sont emballés, comme la farine, le sucre, le sel, le fromage, les céréales, et le lait.

 

Nous faisons cet exercice fréquemment. Il nous aide à voir avec notre œil le grand nombre de personnes grâce auxquelles nous avons de quoi garnir notre assiette : cuisiniers, caissiers, commis d'épicerie, livreurs, emballeurs, fermiers et travailleurs saisonniers.

 

Lorsque mon mari et moi avions de jeunes enfants nous observions quelques minutes de silence avant les repas pour penser à ceux et à celles que nous avaient fourni notre nourriture. Nous vivions dans une grande ville, où la plupart des enfants pensent tous les aliments, y compris les produits frais, viennent du supermarché, où ils sont mystérieusement concoctés en coulisses. Une foule d'adultes intelligents et informés ignorent également d'où vient la nourriture. Une petite anecdote : un jour, au monastère, nous avions confié la préparation de la soupe à un de nos invités. Comme il n'avait pas assez d'oignons, je suis allée au potager et j'en ai déterré deux. Il était sidéré : "C'est quoi, ces choses étranges et pleines de terre ?"

 

Le 1er avril 1957, la très sérieuse BBC a fait un poisson d'avril à la télévision. C'était une nouvelle concernant une précoce et abondante moisson de spaghettis en Suisse. (Vous trouvez la "nouvelle" sur internet.) Le film montrait, d'une part, des femmes en costume local cueillant de longs spaghettis dans les arbres ; d'autre part, des clients heureux de se voir servir dans les restaurants, des "spaghettis fraîchement récoltés". Croyez-le ou pas, des gens ont communiqué avec des responsables de la BBC afin de leur demander où ils pouvaient acheter un arbre à spaghettis pour leur jardin !

 

Leçons approfondies

 

Lorsque nous nous intéressons sérieusement à la nourriture, nous prenons conscience de ce que nous devons à ceux qui ont dépensé leur énergie vitale pour nous la fournir. Lorsque nous contemplons un simple raisin sec dans notre bol de céréales et essayons de compter  les individus qui ont collaboré pour qu'il atterrisse, entre autres ceux qui ont planté la vigne, l'ont taillée, ont cueilli les grappes et les ont transportées, nous arrivons facilement à plusieurs douzaines. Si nous remontons plus loin, soit à l'origine des vignobles en Méditerranée, il s'agit alors de milliers d'individus. Et si on ajoute les insectes - vers de terre, bactéries, moisissures, abeilles -, cela se chiffre en millions - des millions d'organismes vivants dont l'énergie vitale flotte vers nous et se transforme ultimement en vie dans nos cellules.

 

Savoir cela, le sentir, c'est comprendre au plus profond de notre âme le véritable sens de la communion. Chaque fois que nous mangeons ou buvons, nous nous unissons à d'innombrables être vivants. De la matière vivante meurt, pénètre dans notre corps et y reprend vie. Et cela se reproduit encore et encore jusqu'à notre mort. Lorsque nous rendons à la terre toute cette énergie. Notre corps se disperse et renaît, comme un grand nombre de formes de vie. Comment remercier tous ces êtres ? Pas avec de l'argent. Si nous donnions un dollar à chaque personne qui nous a permis de manger ce raisin sec, les raisins seraient plus que la nourriture des rois. Mais pouvons-nous au moins, avant de manger, honorer ces travailleurs de notre reconnaissance et apprécier leur dur labeur en pleine conscience ?

 

Le maître zen Thich Nhat Han a dit :

Une personne qui pratique la pleine conscience peut voir, dans une nectarine, une foule de choses que d'autres sont incapables de distinguer. Une personne consciente voit l'arbre, la nectarine qui mûrit au printemps, le soleil et la pluie qui la nourrissent. Regarder ce fruit avec une attention profonde permet de voir les milliers d'éléments qui ont rendu son existence possible... et comment ces éléments interagissent les uns avec les autres.

 

Derniers mots : L'énergie vitale de nombreux êtres nous pénètre en même temps que la nourriture. Comment les remercier ? En étant totalement présents quand nous mangeons.

 

(Extrait de 52 façons de pratiquer la pleine conscience, Jan Chozen Bays)

 



07/11/2014
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